le 27 septembre 2016
Quand les finalités de l'Ecole sont enfin prises au sérieux
Serge Pouts-Lajus, directeur d'E&T, a participé aux travaux préparatoires du rapport "Quelles finalités pour l'Ecole ?" publié ce 22 septembre par France Stratégie.
J'ai eu le plaisir, tout au long de l'année 2016, de contribuer à la réflexion d'un groupe dirigé par Son Thierry Ly pour le compte de France Stratégie. C'est un travail auquel Son Thierry tenait depuis longtemps et que nous l'avons aidé à réaliser. J'espère que le résumé que j'en propose ci-dessous donnera envie de télécharger le rapport complet (une centaine de pages, faciles à lire).
Tout part d'un diagnostic sur l'Ecole. Notre institution scolaire poursuit des objectifs, nombreux et non hiérarchisées. L'un d'eux a fini par prendre le pas sur les autres: la distribution des places sociales à laquelle notre passion politique pour le principe d'égalité a donné la forme de la compétition méritocratique. Ce système produit des effets secondaires négatifs qui sont devenus insupportables. Il existe sur ce constat un relatif consensus. Mais il sera difficile de sortir de l'impasse. Le travail que nous avons réalisé ne cherche pas à proposer une solution mais à identifier une façon efficace de penser le problème.
La démarche est simple à exposer : choisissons une finalité, une seule, et imaginons un système éducatif qui la poursuivrait avec sérieux, qui ne poursuivrait que celle-là et ne devrait donc être jugé que sur elle.
Nous avons choisi trois finalités qui sont très proches de celles que poursuit le système éducatif français :
1. La préparation au monde professionnel
2. L'accomplissement de la personnalité
3. La transmission d'une culture commune.
Pour chacun d'elles, nous avons fait travailler notre imagination et décrit l'organisation du système scolaire la mieux à même d'atteindre l'objectif visé pour TOUS les enfants et les jeunes qui lui seraient confiés. La fonction de tri (qu'il ne faut pas confondre avec celle de choix ou d'orientation) a été délibérément écartée dans les trois modèles, car nous en connaissons le pouvoir contaminant.
Les trois finalités débouchent sur trois systèmes qui sont tous les trois désirables. Ce ne sont pas des scénarios et aucun n'est meilleur que les deux autres. Mais chacun des trois est meilleur que le système actuel qui poursuit une finalité non choisie. Si nous avions dû voter, une fois l'exercice terminé, il est certain que nos voix se seraient réparties sur les trois modèles.
La démarche revendique son caractère utopique. Mais nous croyons également à son pouvoir inspirant pour les réformes structurelles de notre système éducatif, aujourd'hui nécessaires. Et quitte à assumer l'utopie, nous pourrions en ajouter une de plus : que ce travail d'imagination puisse nourrir et susciter l'imagination d'un ensemble plus vaste d'acteurs de l'éducation et, au-delà, des citoyens, des électeurs...