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Pourquoi signer un contrat tripartite ? L'analyse de Nicole Belloubet

Une dépêche reproduite avec l’aimable autorisation de l’AEF www.aef.info

Nicole Belloubet, membre du conseil constitutionnelSelon Nicole Belloubet, membre du Conseil constitutionnel, ancienne rectrice et ancienne vice-présidente de la région Midi-Pyrénées en charge de l'éducation et de l'enseignement supérieur et de la recherche, « les contrats tripartites relèvent d'une triple logique » : ils sont une « option circonstancielle », une « nécessité structurelle » et auront des « modalités différentielles ». S'exprimant à titre personnel comme grand témoin à l'issue d'une journée de débats organisée par « Éducation et territoires » sur le thème du contrat tripartite, Nicole Belloubet considère que ces contrats doivent permettre une « cohérence indispensable » entre les actions des rectorats et celles des collectivités et favoriser une « réflexion territorialisée ». Il s'agit selon elle de « travailler à une co-construction des politiques publiques dans le cadre d'une nouvelle gouvernance ».

Le contrat tripartite, une « option circonstancielle »

Pour l'ancienne rectrice Nicole Belloubet, la signature du contrat tripartite ne pouvait être rendue obligatoire pour la collectivité pour trois raisons. « Il faut apprendre à dépasser les contrats bilatéraux, qui ne sont pas satisfaisants. Il faut surmonter des hésitations », voire un « climat méfiance réciproque ». Il faut enfin « prendre en compte le temps » et s'il est possible pour les services des collectivités de prendre part à ces contrats.

Des contrats bilatéraux insatisfaisants. Nicole Belloubet cite les contrats d'objectifs académie-EPLE parfois critiqués pour « les injonctions descendantes » qu'ils contiennent. Quant aux conventions signées entre collectivités et EPLE, il arrive qu'elles ne soient pas réécrites par la collectivité pendant plusieurs années, ce qui « peut mettre les chefs d'établissement en difficulté ». Aussi, Nicole Belloubet « adhère » à l'idée émise par Philippe Tournier, secrétaire général du SNPDEN, que ce contrat tripartite « remplace tous les autres ». « Cela prendra du temps », nuance-t-elle pourtant.

Surmonter un « climat de méfiance ». Cette défiance se ressent tant au sein de l'appareil d'État que dans les collectivités et s'explique par « une crainte de perdre du pouvoir » d'un côté comme de l'autre. « On évoque très souvent l'enchevêtrement des compétences » dans le domaine de l'éducation, relate également l'ancienne rectrice. Le contrat tripartite serait-il une solution pour en sortir ou au contraire va-t-il contribuer à le renforcer ?, interroge Nicole Belloubet. « Je pense à terme que c'est le moyen de dépasser ces craintes et de travailler à une co-construction partagée, dans une nouvelle approche de partage des compétences ». Par ailleurs, elle affirme que « c'est un chemin sur lequel on ne reviendra pas ».

Prendre en compte le temps. « Il faut énormément de temps et d'énergie » pour travailler à ce type de documents. « A-t-on dans les EPLE, dans les services des collectivités les moyens, le temps pour fonder le dialogue sur la confiance ? », s'inquiète la membre du Conseil constitutionnel.

Le contrat tripartite, une « nécessité structurelle »

Nicole Belloubet, membre du conseil constitutionnelNicole Belloubet, estime que ce contrat doit permettre de mettre en place une « cohérence indispensable » entre les actions des rectorats et celles des collectivités, favoriser l'apparition d'une « réflexion territorialisée » et enfin qu'une « dynamique partagée » doit apparaître. Le projet d'établissement doit être intégré au contrat tripartite, afin d'inclure les enseignants à son élaboration. En outre, le contrat tripartite doit intégrer « une projection des moyens » nécessaire à la réalisation des objectifs définis.

Créer une mise en cohérence indispensable. Pour Nicole Belloubet, les collectivités disposent de « compétences stratégiques », la carte des formations, les contrats de formation professionnelle, les schémas régionaux d'enseignement supérieur et de recherche, etc. « Cela suppose d'améliorer la coordination de nos actions », affirme-t-elle. « Le contrat tripartite sera un élément clé de tout cela. » Le projet d'établissement devra lui survivre, affirme également l'ancienne rectrice, « car c'est un document interne à l'EPLE qui intègre les enseignants dans le contrat d'objectifs. C'est un élément de cohésion interne », souligne-t-elle.

Mener une réflexion territorialisée. « Le contrat tripartite devra être signé établissement par établissement, mais cela représentera un gain de temps si la réflexion est territorialisée », et ce « afin de faire le lien avec la carte de formation, l'implantation des établissements », etc. Cela représente donc « un travail important » au niveau du territoire. « Le moyens de mon point de vue sont évidemment dans le contrat tripartite », affirme Nicole Belloubet. « Le contrat va vivre avec la dotation horaire globale, le budget de l'établissement. C'est la traduction des objectifs », estime-t-elle. En outre, Nicole Belloubet estime que l'on peut inscrire dans le contrat pluriannuel des engagements « qui feront l'objet d'une révision annuelle. »

« Il doit y avoir une nécessité partagée ». « Ces contrats doivent être pragmatiques et dynamiques, pour donner de l'élan », aux politiques menées.

Un contrat tripartite, des modalités différentielles

Nicole Belloubet, membre du conseil constitutionnel« Profitons de ce que la loi laisse libre pour la collectivité le choix de s'associer à la signature de ce contrat tripartite pour expérimenter ! » enjoint Nicole Belloubet. Pour elles, les « conditions du tripartisme passent par un dialogue politique, une expérimentation progressive et une mise en synergie réciproque ».

Engager un dialogue politique. Les contrats tripartites supposent « un changement de mentalité », expose Nicole Belloubet. « Si l'on fait le choix du contrat tripartite, l'État a à s'interroger sur la manière dont, dans un établissement, la collectivité va apporter son regard, son soutien ». En somme, « il faut passer d'une négociation à 2, à 2+1 puis enfin à 3 », insiste-t-elle. Aussi, l'ancienne vice-présidente de la région Midi-Pyrénées estime nécessaire de « mettre en place des groupes de réflexion politiques » avant de mettre en place des groupes plus techniques. Car « les collectivités doivent participer à la discussion autour des axes de progrès » des élèves « et ne pas se contenter d'apposer une signature en bas de page » d'un document. « Il doit y avoir une discussion à égale dignité ».

Une « expérimentation progressive ». Nicole Belloubet souhaite que se mette en place une « expérimentation progressive », avec des établissements « volontaires », permettant de « travailler à une territorialisation des contrats » et de mettre en œuvre des « politiques publiques différenciées ». « L'Éducation nationale, est-ce tout le monde en même temps et de la même manière, je ne le crois plus », fait valoir l'ancienne rectrice. Elle recommande également que ce contrat intègre des éléments « hors temps scolaire, l'ouverture des établissements en dehors des heures de cours, etc. »

Une mise en synergie réciproque. « L'idée est que chacun des signataires, des participants ressortent gagnant », avance Nicole Belloubet. Cela doit ainsi conduire à rendre l'action des collectivités « plus lisible », de rendre les politiques portées par l'Éducation nationale « plus effectives », de « mieux impliquer les conseils généraux et conseils régionaux et de donner une pleine efficacité aux politiques retenues par l'établissement scolaire. » C'est ainsi une « nouvelle gouvernance » qui émerge dans l'Éducation nationale, qui « donne un autre sens au travail des uns et des autres dans le système éducatif. »



Emilie Legendre - 27/11/2013

Photos : Gilles Bassignac pour Education & Territoires