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EDITORIAL - L’aube du BYOD

La très grande majorité des élèves des collèges et des lycées sont aujourd’hui équipés d’un smartphone, c’est-à-dire d’un ordinateur communicant qui leur permet d’accéder à Internet. Est-il possible d’exploiter ces terminaux en classe dans un but pédagogique ? Faut-il continuer d’équiper les établissements alors que les élèves le sont déjà ? Ces questions interpellent les collectivités territoriales.

Un ordinateur par élève

BYODLa question de l’équipement individuel des élèves est aussi vieille que l’informatique éducative elle-même. Dès la fin des années 80, Seymour Papert avait pressenti que la formule 1:1 (un ordinateur, un élève) finirait par s’imposer pour des raisons essentiellement pédagogiques : ce que l’on n’appelait pas encore le numérique devait pouvoir être mobilisé à tout moment pour servir l’apprentissage individuel. Papert, logiquement hostile aux salles informatiques dans les écoles, a inspiré le premier programme d’équipement individuel des élèves de l’Etat du Maine en 2004. Quelques années plus tard, il fût à l’origine du projet OLPC (One Laptop Per Child) développé par le MIT et déployé dans plusieurs pays.

Mais porté à l’échelle d’un grand pays et de ses milliers d’établissements, le projet de généralisation de l’équipement individuel des élèves entraîne une charge d’investissement puis de maintien des équipements qui inquiète les pouvoirs publics. Le programme numérique pour l’école lancé en France en 2015 et qui prévoyait l’équipement individuel des collégiens peine à se réaliser dans la forme prévue. Par ailleurs, l’opportunité du financement de tels projets par des fonds publics a, dès le départ, été mise en question par la prolifération des équipements numériques familiaux, ordinateurs fixes dès la fin des années 80, puis portables, tablettes et enfin smartphones de plus en plus puissants et sophistiqués.

De ce double constat naît l’idée de BYOD  : puisque les élèves possèdent des équipements numériques personnels, pourquoi ne pas les utiliser ? Les conditions pour que la prophétie de Papert se réalise semblent enfin réunies mais elles le sont dans un contexte qui n’est plus celui prévu initialement.

Dans le supérieur puis le secondaire

Avant même que le terme BYOD n’apparaisse, les établissements d’enseignement supérieur invitaient leurs étudiants à s’équiper, leur offrant en contrepartie des accès Wi-Fi et des services en ligne. Mais dans les collèges et les lycées, publics ou privés, il n’a jamais été question, jusqu’à aujourd’hui, de demander aux élèves et à leurs familles de pourvoir à leur équipement informatique. Les raisons sont si nombreuses pour l’expliquer que chacun peut facilement en dresser la liste. Mais ces raisons semblent tomber les unes après les autres, sous la force du constat de l’équipement individuel généralisé des collégiens et des lycéens qui donne tout son poids à un argument ultime, celui du pragmatisme : puisqu’ils en ont tous un pourquoi ne pas l’utiliser ?

Quelques arguments cependant résistent à la raison pragmatique et il est intéressant, en particulier pour les Départements et les Régions, de les connaitre.

Ce qui résiste au BYOD

Les arguments anti-BYOD sont de trois types. Le premier s’appuie sur le rappel des principes d’égalité et de gratuité de l’enseignement que le BYOD pourrait mettre en cause. La raison pragmatique feint d’ignorer qu’il existe trois types de terminaux : les ordinateurs, les tablettes et les smartphones. Dans la logique du BYOD scolaire, cousine de celle du BYOD étudiant, le device doit être un poste de travail. Or le smartphone ne répond à cette exigence que de façon marginale, la tablette le fait mieux mais c’est l’ordinateur de type écran-clavier qui possède pleinement les qualités requises. Certaines familles pourront s’équiper de tels terminaux, d’autres non ; la rupture d’égalité est manifeste.

Un second type d’argument est d’ordre technique et financier. Le BYOD exige d’importants aménagements d’infrastructure dans les établissements : généralisation de l’accès Wi-Fi, augmentation des débits d’accès, prise en compte de l’hétérogénéité des postes et d’exigences renforcées de sécurité, développement de services en ligne, etc. Leur coût devra être équilibré par des économies équivalentes au niveau de l’équipement et de la maintenance. Mais cette démonstration est délicate et, en tout état de cause, elle reste à faire.

Le troisième type d’arguments anti-BYOD est d’ordre éducatif. Dans l’enseignement secondaire, la responsabilité des professeurs à l’égard de leurs élèves et de leurs activités en classe est sans commune mesure avec celle des professeurs du supérieur à l’égard de leurs étudiants. Les premiers sont soumis à des exigences de contrôle et de suivi qui s’expliquent par l’âge de leurs élèves et par une tradition pédagogique, différente de celle du supérieur. Si bien que le transfert de la solution BYOD du supérieur au secondaire ne va pas de soi.

Chacun de ces arguments mériterait d’être repris et analysé dans le détail, ce que nous ne ferons pas ici. Car avant cela, un détour par le réel et des exemples de mise en place du BYOD dans l’enseignement secondaire montre que de tels projets sont possibles et que les obstacles évoqués ci-dessus peuvent être surmontés.

Des exemples de BYOD au collège et au lycée

Dans un très grand nombre de lycées et dans quelques collèges , des enseignants invitent leurs élèves à utiliser leur smartphone pour une activité pédagogique particulière. Il s’agit là d’une forme intéressante de BYOD. Mais limitée à certaines classes et à certaines séquences, elle est aussi contrainte par les  possibilités techniques de l’appareil utilisé. Ces pratiques ne sont pas non plus en mesure de porter une politique globale d’établissement et de s’inscrire, comme ce fut le cas pour l’enseignement supérieur, dans une logique de substitution d’équipements collectifs par des équipements personnels. De tels exemples sont encore rares dans l’enseignement secondaire. Nous en avons cependant repéré deux. L’un en Suisse, l’autre en France.

En Suisse, il s’agit du GYB  (Gymnase Intercantonal de la Broye) et de son projet UTOPIE (Utilise Ton Ordinateur Personnel Intégré à l’Ecole) déployé avec succès depuis 3 ans. Les 1000 élèves de cet équivalent de notre lycée choisissent librement leur équipement sous certaines conditions (taille de l’écran, pas d’accès au réseau 3G) qui excluent les smartphones mais acceptent tous les types de tablettes et d’ordinateurs portables. Dans cet établissement, le volume du parc d’ordinateurs fixes en libre accès et le nombre de salles informatiques ont été considérablement réduits. En France, on peut citer le projet du LP2I de Poitiers qui a démarré en 2015 pour l’ensemble des classes de seconde et a vocation à s’étendre à toutes les classes.

Dans ces deux établissements, sous réserve d’études évaluatives à réaliser, la mise en place du BYOD dans une forme proche de celle en vigueur dans l’enseignement supérieur peut être considérée comme un succès. C’est un signe encourageant, peut-être le premier d’un mouvement de grande ampleur. Mais il reste à identifier avec précision les conditions favorables au succès de tels projets.

 

Par Serge POUTS-LAJUS